Contributions - Autorisation parentale signée par le père… la grosse farce du code de la famille

Bonjour Jaly. Lorsque j’ai lu votre post, je me suis dit “Enfin, on en parle” ! Pendant plus de 05 ans, j’ai vécu un véritable calvaire à cause de cette disposition du code de la famille. Mon histoire…
Mariée à 22 ans, j’ai vécu pendant 08 ans avec un homme qui est le père de mes 03 enfants, que des garçons ! Malheureusement, le mariage n’a pas tenu pour diverses raisons et après moults tergiversations j’ai demandé le divorce et je suis retournée chez ma mère. Ce fût une période très difficile car sans emploi je me retrouve avec trois jeunes enfants à charge et le cadet n’avait que 2 ans à l’époque. Titulaire d’une formation en pâtisserie, j’ai enchainé les petits boulots pour subvenir à mes besoins car en divorçant de moi, mon ex-mari a “divorcé” aussi de ses enfants : il ne prenait pas de leurs nouvelles, ne m’aidait pas dans les charges en résumé il m’a déclaré : c’est toi qui est partie donc je ne vais pas continuer à vous nourrir ! J’ai pris acte et ce fût le déclic, je travaillais jour et nuit cumulant un emploi précaire dans une restaurant, un petit commerce et même du nettoyage de bureau.
Au bout d’une année, j’ai décidé de tenter l’immigration. J’ai commencé par aller au Maroc, mes enfants sont restés avec ma mère. 06 mois après mon arrivée à Casablanca, j’ai pu avoir des papiers qui m’ont permis de me retrouver à Istanbul. Ce fût des moments très durs mais à chaque fois que je pensais que si je réussis je pourrais offrir une vie meilleure à mes enfants et à ma mère, je redoublais d’efforts. Pendant ce temps mon ex-mari disait partout que *“samadoome yi daniouytorokhndakhsèneyaaybakhoul, sèneyaaydouseuykatt”. De la Turquie, j’ai pu entrer en Espagne : cela faisait 02 ans et 4 mois que je n’avais pas vu mes enfants mais j’envoyais à ma mère tout ce que je gagnais. Arrivée dans ce pays et avec l’aide de compatriotes, je m’inscris à un programme d’insertion avec la possibilité de me former et au bout d’un an j’ai obtenu une régularisation et enfin avoir la possibilité de revenir au Sénégal avec dans ma tête de faire venir mes enfants en Espagne.
Dans ma tête, c’était acquis. Donc je rentre et j’entame les démarches pour que mes enfants se fassent immatriculer pour obtenir des passeports. Au bureau des passeports, l’agent me donne la liste des pièces à fournir et j’y vois cette fameuse autorisation parentale signée par le père. Je demande pourquoi moi mère et en charge de mes enfants ne pas leur faire faire un passeport et qu’il faut impérativement une autorisation du père. L’agent me répond simplement que c’est LA LOI.

A partir de cet instant, commence ma longue marche vers la liberté car en âme et conscience je savais que mon ex-mari n’allait pas lever le petit doigt dans cette affaire. Sur les conseils de ma grande sœur, ma mère et moi décidons d’aller le voir en personne et de lui expliquer la chose.
Cette rencontre s’est finie en dispute où il m’a traité de femme indigne qui abandonne ses enfants pour aller se prostituer en Europe (ce sont ses mots). Il ajoute que si c’est de lui que dépend le voyage de mes enfants, un tel projet n’aboutira jamais car il ne va jamais faire quoi que ça soit pour nous.
Je prends acte et comme je n’avais qu’un mois de séjour, je rentre le cœur lourd et avec la promesse de ma famille de jouer les médiateurs comme a dit ma mère **“bayilniouwakh si, dokh si parce que so di démé tribunal dafayniaw”. Après 01 an de négociations (mes oncles, tantes, frères, sœurs et même nos amis d’alors se sont se relayés auprès de mon ex-mari sans succès), je décide de porter l’affaire devant la justice. Là encore longue et lourde procédure surtout que je ne suis pas présente physiquement.
Que de billets d’avion achetés, que de temps perdus, que de pots de vin donnés rien que pour faire avancer le dossier. Et je découvre en mon ex-mari un homme méchant, rancunier qui n’en a rien à faire de ses enfants. Des enfants dont il ne s’occupe pas depuis belle lurette. Devant le juge… enfin… j’ai pu prouver cela ! Me voilà avec la garde exclusive de mes enfants qui m’ont finalement rejoins.
Cette période a été très dure pour moi mais aussi pour eux et pour ma famille. J’ai été tenté d’écrire au Président de la République pour le demander pourquoi une telle discrimination ? Pourquoi nous faisons vivre à des mères des épreuves pareilles pour une disposition du code de la famille qui ne tient plus car nous le savons tous, l’homme n’est plus le seul et unique chef de famille.
Beaucoup d’hommes sont démissionnaires, irresponsables et ne prennent plus en charge leur famille ; alors pourquoi leur laisser à eux seuls le pouvoir de décider ? Je ne discute nullement cette autorité parentale mais elle devrait être également répartie entre les deux parents car comme on dit ***“doomeniarakayediour”.
*Tes enfants ne vont jamais réussir dans la vie car leur mère n’est pas une bonne épouse
**Laisses nous tenter une médiation car c’est mal vu de trainer le père de ses enfants en justice
***Un enfant se fait à deux